Alarmel Valli est reconnue en Inde et dans le monde comme la plus grande danseuse de bharata natyam de sa génération. Elle a transcendé cette danse millénaire. Par sa grâce inégalable, la perfection de son style, elle a adapté l’art du bharata natyam à sa propre inspiration. Elle transforme son message poétique en géométrie variable. "Fusion des contradictions" aime-t-elle à préciser. Elle est enchantement. Mais elle représente aussi un tout, elle choisit les textes et les poèmes le plus souvent dans la poésie Sangam, les partitions musicales et ordonne sa propre chorégraphie. Elle travaille inlassablement avec ses musiciens et sa chanteuse en totale osmose. Elle dessine ses costumes. Elle est aussi le manager. Elle a dédié sa vie, dès son plus jeune âge, ses sept ans, à l’implacable et éternelle discipline qu’exige l’exercice du bharata natyam. Venant d’une famille bourgeoise, elle est soutenue, envers et contre tous par sa mère, inspiratrice et littéraire. Valli va alors suivre l’enseignement traditionnel, "élève-maître", respect et dévouement à son gourou, le grand Sri Chokkalingam Pillai, de Tanjore, puis à la mort de celui-ci, à son fils, Natyakalanldhi Sri Subbaraya Pillai. À 15 ans, elle décide de venir à Paris et devient la plus jeune danseuse au Festival de la danse au théâtre Sarah Bernardt. Elle étudie alors la langue française entre autres.
Par l’intensité de son message dansé, la perfection de son art, remarquablement mouvante et flexible, Alarmel Valli devient le symbole même de « la danse ». Elle recrée un monde conscient pour nous entrainer, dans un moment de joie extrême presque insoutenable, hors de toute distance. Elle s’abandonne à l’émotion de l’instant, elle semble tout oublier pour mieux s’offrir, telle un don et un certain sourire venant de son âme illumine son visage : l’extase descend en nous. Son visage nous apparait soudain « divin » comme le veut Shiva, le Dieu suprême de la danse carnatique, à qui chaque danse de bharata natyam est consacrée. Le Dieu Shiva considéré comme le maître des principes de vie. Reviennent alors à notre mémoire, les mots de Friedrich Nietzsche : "Je ne pourrai croire à un Dieu qui ne danse pas.Alarmel Valli est aussi poète, mathématicienne, et comme un peintre devant une toile vierge. Danseuse sacrée, saluée internationalement par les plus hautes distinctions, nous la trouvons, nous la retrouvons dans ce film : Lasya Kavya, Le Monde d’Alarmel Valli. "La danse prend et donne tout. La danse apporte une réalisation spirituelle, le sens très profond de la conscience » dit-elle. Mais n’oublions pas, Alarmel Valli est aussi une femme moderne, d’une grande culture, humaniste et académique, une femme intransigeante avec elle-même, refusant les compromis, dénonçant la médiocrité, toujours en quête de justice, rejetant la globalisation, l’assujettissement des femmes, qui a dédié sa vie à la vérité sous toutes ces formes, pour nous offrir dans son message dansé cet univers de la beauté, de l’harmonie, de l’amour."