J'ai assisté pour vous à la représentation de Malavika Sarukkai au théâtre Jean Vilar de Suresne le 12 mai dernier et j'en ai gardé une impression très mitigée que je vous livre aujourd'hui D'un façon générale, Le spectacle de Malavika ne suit plus la formule traditionnelle d’un spectacle de bharatha natyam. Malavika Sarrukkai se veut délibérément novatrice et sort des sentiers battus de la tradition en puisant dans l'actualité la plupart de ses thèmes…
Le spectacle, quant à lui, était intéressant plus pour les thèmes qu’elle avait choisie (environnement et climat), que pour la prestation elle-même. Évidemment il n’y avait rien à dire côté technique de sa performance, par contre sa présence sur scène n'était pas toujours totale et l'on pouvait sentir qu’elle n’était pas en symbiose avec les spectateurs avec des moments de flottement que nous pouvions très distinctement ressentir….
C’était intéressant de voir qu’on pouvait aborder des sujets aussi percutants que l’environnement par une voie traditionnel, d’autant plus que les chansons choisies étaient, elles, puisées dans la mythologie, (Mahabharatha, etc.).
Le seul moment durant lequel j’ai senti qu’elle était complètement impliquée, fut quand elle dansa l’histoire de la vieille femme, une histoire moderne de sa chorégraphie (voir interview plus bas), elle était convaincante et émouvante. Par contre, la dernière danse, le tillanam fut décevante. Le tillanam est, par excellence, une danse vigoureuse qui doit communiquer au spectateur vitesse, grâce et dynamisme alors que ce ne fut pas le cas… Vraiment dommage.
En conclusion, je ne sais si Malavika a eu un passage à vide ce soir ou si la nouveauté des thèmes qu'elle à abordée l'a empêché de s'exprimer pleinement, mais elle ne m'a pas convaincue et j'espère avoir une occasion de la revoir une autre fois pour infirmer ou confirmer mon jugement de cette soirée…
Après le spectacle j’ai rencontré Malavika pour lui poser quelques questions.
Qu’est-ce que la danse pour vous ?
C’est ma vie, mon expression, ma spiritualité et mon langage pour communiquer… Il y a différentes façons de communiquer et le mienne c’est la danse. La différence entre une simple danseuse et une artiste est que, l’artiste crée et la danseuse interprète la création… je veux me considérer tout d’abord comme une artiste.
Dansez-vous différemment en occident et en Inde ?
Oui et non, je danse pareillement partout dans le monde, tous mes spectacles sont abordés de la même manière, ici comme en Inde, je fais une introduction ou je présente la danse avant de la commencer …je dirais plutôt que la différence réside au niveau de référence, en Inde quand je montre le Dieu Krishna, l’imaginaire des spectateurs est réveillée et toutes les histoires de Krishna reviennent à l’esprit, ici, chaque spectateur est libre d’interpréter ou de comprendre ce qu’il voit et cela dépend de sa connaissance de l’Inde et de la danse indienne. J’aime être en symbiose avec mes spectateurs et je crois que je l’ai réussi ce soir, malgré le fait que c’est la première fois que je danse dans cette salle et qu’il n’y avait pas mes spectateurs habituels qui viennent me voir chaque fois que je me produis à Paris
Le thème de ce soir était l’environnement. Pourquoi et comment choisissez-vous vos thèmes ?
J’aime aborder les thèmes qui sont fondamentaux pour moi, aujourd’hui plus que jamais, l’environnement est devenu un souci. Je veux préciser que les arbres sont mes amis et j’aime savoir que j’aide à les protèges à ma manière et surtout de savoir que je peux faire passer un message en utilisant mon langage, la forme classique comme le bharatha natyam. Je choisie mes thèmes en concertations avec ma mère, elle est mon inspiration intellectuelle. Ensemble nous élaborons les thèmes et ensuite je me mets à créer…
La danse sur la pauvre et vieille femme qui a pu combler une vie sans enfant, comment avez-vous eu l’idée de cette danse ?
J’ai lu l’histoire d’une vieille et pauvre femme qui vit dans l’état de Karnataka, en Inde du Sud pendant un voyage en avion. C’était une femme qui était malheureuse parce qu’elle ne pouvait pas concevoir, et un jour elle ressent la terre vibrer de vie et elle décide d’entreprendre une plantation d'arbres baniyan, elle plante des centaines et considère chaque arbre comme un enfant, elle arrive enfin de combler la vide en elle. En lisant cette histoire il me semblait évident que je devais danser son histoire, que je devais faire connaître cette femme et son parcours au monde entier. Elle a un message tellement fort à nous communiquer, un message d’espoir et de réalisation. La puissance de transformer une situation désespérante en une situation pleine de vie…..il y a tellement d’histoires comme cela en Inde que j’aimerais danser…
Travaillez-vous sur d’autres projets ?
J’en ai plusieurs mais je ne peux vous en parler maintenant…
Merci Malavika