Quelque 140 millions de musulmans vivent en Inde, le troisième pays musulman du monde (après l'Indonésie et le Pakistan). C'est là un fait d'actualité. Si l'on écarte le réseau des États et que l'on considère toute l'Asie du Sud (avec le Pakistan, le Bangladesh, le Népal, le Sri Lanka), environ un tiers du monde indien est devenu musulman. Cela ne manque pas de poser un certains nombre de questions auxquelles Michel Angot répondra lors d'une conférence le vendredi 8 février...

L'Inde au défi de l'islam
Cette présence est ancienne, a connu des vicissitudes et pose des questions douloureuses à la conscience nationale indienne d'aujourd'hui. Comment comprendre que, de manière répétée, les princes musulmans aient battu les rois hindous ? Comment quelques centaines de milliers de conquérants turcs et afghans ont-ils pu être vainqueurs ? Pourquoi ces conversions massives et volontaires à l'islam (y compris pendant la période contemporaine) ? La gloire impériale et les monuments qui l'accompagnent, tel le Taj Mahal, sont le fait des empereurs moghols musulmans s'ils ne sont pas le fait des Britanniques. Par ailleurs, ce sont souvent des princes musulmans qui ont lutté contre la présence britannique : Tipu Sultan, qui fut le seul prince à résister efficacement aux Britanniques (il fallut l'intervention de lord Wellesley, futur duc de Wellington), était musulman tandis que ceux qui aidaient les Britanniques à le vaincre étaient payés par les princes hindous. Aujourd'hui, la présence musulmane est controversée et contrastée. Ce sont des musulmans qui ont dirigé le projet atomique indien quand leurs coreligionnaires étaient persécutés voire tués, notamment au Bihar et au Mahârâstra. L'hésitation contemporaine de l'Inde entre la formule impériale et démocratique (plusieurs langues, plusieurs ethnies, plusieurs religions) héritée de Nehru et la formule nationale et nationaliste (une langue, un peuple, une religion) n'est pas sans rappeler ce que connurent tous les empires européens au XXe siècle.