A exposition exceptionnelle, inauguration exceptionnelle, le 2 avril dernier, en présence du ministre de la Culture M. Donnedieu de Vabre et de nombreux officiels représentant l'Inde, le Pakistan et l'Afghanistan ainsi que ceux représentant la France et les musées nationaux à l'origine du véritable tour de force que constitua l'organisation d'une telle exposition. Indeaparis.com était présent pour vous en rapporter des images exceptionnelles...
C'est par une fin d'après-midi ensoleillé que s'annonce l'inauguration officielle de l'exposition qualifiée de véritable évènement à bien des titres. 18h30, les organisateurs sont fébriles alors que les premières délégations commencent à arriver avec une ponctualité tout protocolaire. Dernières vérifications, préparation des ciseaux chargés d'inaugurer le parcours, accueil et présentation de rigueur, l'ambiance est électrique lorsque le ministre arrive. Les discours s'enchaînent, brefs et bien tournés. Du directeur de la RMN (Réunion des Musées Nationaux), au ministre, M. Donnedieu de Vabre en passant par M. Das, Secrétaire du ministère de la Culture indien, tous s'accordent à remercier l'Inde de la confiance exceptionnelle faite à la RMN et son indéfectible soutien dans l'organisation et la logistique.
On congratule les organisateurs, conservateurs et metteur en scène pour le choix des sculptures et leur disposition et l'on vante les mérites d'une Inde si présente et tant aimé par une France qui l'honore en maintes occasions sans oublier de terminer sur un vibrant hommage au professeur Munish Chandra Jochi récemment décédé et très largement impliqué dans le montage de l'exposition.
Il est temps de couper le dernier lien tricolore entre le hall et la première salle d'exposition et d'en distribuer quelques morceaux, aux invités de marque en souvenir d'un grand moment culturel, mondain et républicain !
De gauche à droite Amina Okada, Thierry Zephir commissaires de l'exposition, M. Badal K Das, Secrétaire du ministère de la Culture indien, Mme Hemalata C. Bhagirath, attachée culturelle à l'ambassade de l'Inde en France et Mademoiselle Asma Anisa ambassadrice du Pakistan en France
In Memoriam Munish Chandler Joshi 1935-2007 L'Empire des Gupta est indéniablement une exposition majuscule que le monde entier nous envie déjà. Des pièces rarissimes réunies pour la première, et peut-être la dernière, fois et ce, grâce à la farouche volonté de quelques esthètes inspirées. Ce serait dommage de passer à côté...
La visite est menée à un rythme soutenu. Conduite par les explications de M. Jean-François Jarrige, commissaire de l'exposition et directeur du musée Guimet, le ministre semble passionné.
De gauche à droite, M. Badal K Das, Secrétaire du ministère de la Culture indien, M. Jean-François Jarrige, drecteur du musée Guimet et de l'exposition, M. Donnedieu de Vabre, ministre de la Culture
Les haltes successives, devant les joyaux les plus représentatifs, cadencent la démarche de l'aréopage qui en profite pour se disperser dans tout l'espace et faire connaissance avec Shiva, Durgâ et autres officiels venus des quatre coins de la haute administration...
La première salle avec une belle scénographie
La première salle est situé à l'aile nord du Grand Palais à laquelle on accède par l'entrée Clemenceau. Elle est vaste et bien éclairée par des baies vitrées. La scénographie par Renaud Pierrard est efficace. L'espace entre les œuvres est bien calculé et l'éclairage met en valeur les formes souvent très voluptueuses des personnages du panthéon hindouiste représentés par des artistes au sommet de leur art. Grès, schistes et bronzes révèlent ainsi une finesse et des courbes qui touchent l'âme avec une justesse rare. C'est bien là l'expression du talent conjugué des commissaires pour le choix de quelques cent dix pièces venues de dix-sept musées différents !
La disparition de Munish Chandra Joshi, le 1er janvier 2007, nous prive d'un savant exceptionnel, doublé d'un homme de cœur dont le savoir immense n'avait d'égal que la modestie. Le Professeur Joshi était né le 30 mars 1935 à Haldwani. D'abord scolarisé à Nainital, dans l'Uttarakhand, le jeune Munish Chandra rejoignit ensuite l'université de Lucknow. Il y obtint un Master en Histoire, avec mention, et son travail fut distingué par une médaille d'or. Il intégra l'Archaeological Survey of India (ASI) en 1956 et en gravit successivement tous les échelons avant d'en assurer la direction. Après une très brillante carrière, il devait prendre une retraite méritée mais active en 1993. Au sein de l'ASI, Shri Joshi fut responsable de nombreux chantiers de fouilles archéologiques. Il fut aussi membre de plusieurs comités d'experts – University Grants Commission, Indian National Science Academy – et l'un des artisans les plus actifs de la mise en application d'une loi essentielle pour la préservation du patrimoine national, l'Antiquities and Art Treasures Act, votée en 1972. Universitaire de grand renom, Shri Joshi enseigna dans plusieurs institutions scientifiques et universités prestigieuses en Inde comme à l'étranger.
Après avoir quitté l'Archaeological Survey of India, le Professeur Joshi rejoignit l'Indira Gandhi National Centre for the Arts, dont il fut secrétaire de 1993 à 2000. En 1996, il fut nommé président du National Screening and Evaluation Commitee, organisme chargé d'étudier et de sélectionner les œuvres d'art dont le prêt est sollicité dans le cadre d'expositions temporaires organisées à l'étranger. Ses nombreuses publications comptent près de 25o articles et plusieurs ouvrages qui ont fait date et abordent les aspects les plus divers de l'art indien et de l'archéologie du pays. Shri Joshi s'attacha au premier chef à l'étude des beaux-arts : architecture, sculpture, peinture et iconographie. Son esprit ouvert l'engagea également dans d'autres domaines, tels la théorie de l'art, l'astrologie, les traditions populaires, ainsi que les mythes et rituels religieux. Shri Joshi alliait à une parfaite maîtrise du sanskrit et du pâli, un vif intérêt pour les sources les plus anciennes et un sens aigu de l'histoire ; sa compréhension d'un monument, d'une œuvre d'art était à la fois subtile et pertinente.
Un travail minutieux et qui laisse présager un succès mérité. Une sélection raffinée et subtile menée de mains de maître par Amina Okada conservateur en chef du musée des Arts-asiatiques Guimet, J.E. Dawson, conservateur au musée national de New Delhi, Thierry Zephir, ingénieur d'études au musée des Arts asiatiques-Guimet, et Munish Chandler Joshi (voir encadré), leur partenaire de toujours dont l'absence résonne à chacun de nos pas.
C'est par l'ascension d'un magnifique escalier second Empire que l'on accède à l'étage supérieur qui justifie l'attention toute particulière du ministre. Il reconnaît là un endroit sur lequel d'importants travaux restent à faire. Sa démonstration est très théâtrale et ne laisse aucun doute : il connaît ses dossiers !
La deuxième salle est plus intime, les œuvres, souvent plus petites que dans la première, sont plus proches et souvent sous verre. Après l'extatique rez-de-chaussée, nous voilà plongé dans l'introspection. Les beautés se succèdent, les divinités sont magnifiées et perpétuent magistralement l'école Mathurâ pour l'ancrer un peu plus à travers les siècles à venir.
La visite officielle, à l'instar du parcours que suivront des centaines de milliers de visiteurs attendus, se termine dans la boutique, transformée pour l'occasion, en Salon du Livre bis où l'Inde tout entière est invitée. On y retrouve tous les ouvrages représentatifs ainsi que des reproductions du bouddha, emblème de l'exposition et son catalogue officiel aussi riche et fourni que l'exposition elle-même.
Mme Catherine Filhol - épouse de M. Michel Filhol Directeur d'Asie et d'Océanie au ministère des Affaires étrangères - en compagnie de Son Excellence Dominique Girard, Ambassadeur de France en Inde
Les officiels médusés y resteront de longues minutes, comme pour prolonger un moment de grâce, qu'un retour trop rapide dans un monde mécanisé, pourrait rompre trop brusquement. Certains iront jusqu'à s'écrier "et si l'on refaisait un tour ?". Mais c'est déjà trop tard. L'exposition reprendra dès demain pour de nouveaux invités de marque. Le "tout Paris qui compte" apprend-on, ravis de l'avoir précédé.
Une boutique 100% indienne ou les prix s'envolent sur certains articles....