Merci à Jonathan du blog Djoh en Inde de nous avoir mis sur la piste de l'excellent documentaire de Dominique Deluze, la demoiselle de Chandigarh, une poignante histoire d'une femme française qui retrouve à 30 ans sa famille indienne alors que celle-ci ignorait son existence. Le film est proposé en version complète par France 3 que nous remercions aussi pour ce joli cadeau...
La demoiselle de Chandigarh
Christelle est professeur de français. Elle tient d’un père indien qui ne l’a pas reconnue toutes les apparences d’une femme indienne. Ce père est originaire de Chandigarh et réside aujourd’hui au Canada. Il a conçu, presqu’en même temps que Christelle, un film sur l’architecte français Le Corbusier, celui qui a dessiné ex nihilo cette même ville de Chandigarh. Christelle a été abandonnée par ses deux parents, à la naissance. Elle a rencontré son père pour la première fois lorsqu'elle avait 16 ans. Sa mère est française, elle n'apparaîtra pas dans le film. Christelle a été élevée, dans un petit bourg du Sud-Ouest de la France, par sa grand-mère dont elle porte le nom et qu’elle appelle encore “maman”. Elle n'est jamais allée en Inde où elle part aujourd'hui retrouver des membres de sa “famille indienne” qui vont découvrir son existence 30 ans après sa naissance. Trois cousins qu’elle doit voir tour à tour: un juge à la Cour Suprême ; un chirurgien du cerveau ; et un géographe, très proche du père de Christelle. Christelle verra aussi Delhi, Bénarès, le Gange, Madras, Bombay...des mots sur lesquels elle avait envie de coller des images. Car elle part à la découverte du pays de ses origines – une Inde jusqu'alors fantasmée – en quête d'une part de son identité, celle qu'elle porte sur son visage et sa peau depuis qu'elle est toute petite. De rendez-vous en retrouvailles, de cousin en cousin, jusqu'à l'arrivée du père en Inde pour quelques jours de vacances, il est toujours question de l'accueil de cette jeune femme, de sa reconnaissance et de sa place dans cette famille et ce pays. Ce voyage va devenir la farce qu’il devait être car Christelle ne se faisait aucune illusion. Il était trop tard. Et alors? Rien! Si ce n’est une création documentaire qui va se promener sur les terres de l’identité et de l’improbable. Un voyage imaginaire, tout entier dans une tête. Celle de Christelle.
Un film de Dominique Deluze
Une coproduction : France3 Sud / Xbo films / Manaba films
Interview du réalisateur
Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce film ?
"Un an après notre rencontre - Christelle Célérier et moi-même – nous avons décidé de partir cinq semaines en Inde. Une première pour tous les deux. Pour elle, il s’agissait d’une nécessité de quasi 30 ans. Ce qui s’expliquait par son histoire familiale. Elle tient d’un père indien qui ne l’avait pas reconnue toutes les apparences d’une femme indienne. En Inde, elle devait retrouver des membres de sa “famille” qui allaient découvrir son existence 30 ans après sa naissance. Pour moi, c’était à la fois plus simple et tout aussi compliqué. Je ne connaissais pas ce pays, mais je savais ce qu’il représentait pour Christelle Célérier. En dépit des difficultés, j’éprouvais la nécessité de réaliser un film dont le sujet me semblait dépasser le cadre particulier de nos deux personnes. Je suis focalisé sur les situations uniques. Celles qui ne se reproduiront pas. Ce film devait se faire là ou jamais. Et nous sommes partis ! Ce qui m'a également passionné, c’est de basculer d’un documentaire à une comédie musicale où se mêlent musique, chorégraphie, et travail de la matière, pour atteindre le réel à travers la fiction."
Racontez-nous une anecdote de tournage ?
"La situation de départ semblait impossible! Une femme va en Inde en quête de soi-même mais avec l’homme qu’elle aime. Et l’homme qui l’aime – un réalisateur – fait un film à priori incompatible avec cette “en-quête” personnelle. Cette situation particulière entre l’Héroïne et le sujet qui la cadre devait être perçue dans le film (jeux de regards, “intimité”, échange de mots, situations conflictuelles...). Le moment le plus significatif de cette communication entre nos rôles respectifs fut l'enlisement de Christelle dans la boue des bords du fleuve. J'étais en train de la filmer, mais elle s'enfonçait de plus en plus! À ce moment-là, je me suis demandé s'il fallait que je lâche ma caméra pour aller l'aider ou s'il fallait continuer à filmer...quelle question! Finalement, la réponse est apparue dans le cadre : un jeune homme vint sortir Christelle de cette mauvaise passe, tandis que mon œil était toujours derrière l'objectif..."
A voir sur le site de France 3