L’Hindouisme diffère tout d’abord du Christianisme, de l’Islam et du Bouddhisme, par le fait qu’elle n’a pas de fondateur nommé, un dogme ou une organisation religieuse centrale. Il est dommage de limiter l’Hindouisme à une religion. Il s’agirait plutôt d’un tout englobant religion, rites, philosophie, règles de vie, principes moraux et structure sociétale (notamment le système de "Varna"). Elle englobe plusieurs écoles de pensée. Elle fait référence à des rites religieux très différents ainsi qu’à des sectes et philosophies hétérogènes...
L’Hindouisme est la plus ancienne des principales religions du monde. Elle est la troisième religion la plus répandue avec 900 millions d’adeptes, derrière le Christianisme (2 milliards d’adeptes) et l’Islam (1 milliard d’adeptes). On pense qu’elle s’est développée sur près de 4000 ans.
C’est la religion majoritaire en Inde, au Népal et chez les Tamouls de Sri Lanka. Bien sûr, l’Hindouisme est pratiqué un peu partout sur le globe, principalement parmi la diaspora indienne, les populations indiennes des Caraïbes et parmi les populations non indiennes répondant à l’appel du mysticisme.
L’Hindouisme est pratiqué par 80% de la population indienne. Tout Indien n’est donc pas forcément Hindou. N’oublions pas que l’Inde est le troisième pays qui compte le plus de musulmans au monde, soit 14% de sa population.
Le Bouddhisme, le Christianisme, le Jaïnisme, le Sikhisme et le Zoroastrisme sont les autres religions dominantes de ce pays.
Une première définition de l’Hindouisme
L’Hindouisme diffère tout d’abord du Christianisme, de l’Islam et du Bouddhisme, par le fait qu’elle n’a pas de fondateur nommé, un dogme ou une organisation religieuse centrale. Il est dommage de limiter l’Hindouisme à une religion. Il s’agirait plutôt d’un tout englobant religion, rites, philosophie, règles de vie, principes moraux et structure sociétale (notamment le système de "Varna"). Elle englobe plusieurs écoles de pensée. Elle fait référence à des rites religieux très différents ainsi qu’à des sectes et philosophies hétérogènes.
Les "Hindous" n’appellent pas leur religion "Hindouisme" mais "Sanatana Dharma", ce qui signifie "Enseignement Eternel" ou "Loi Eternelle".
Ramakrishna, un grand maître spirituel hindou, en position Yoga de méditation. Le Yoga est une pratique très ancienne, préconisée dans l’Hindouisme. "Yoga" signifie "union du corps et de l’âme". Le but fondamental de la pratique du Yoga est le rapprochement avec l’absolu "Brahman" et l’échappement au cycle des renaissances ("Samsara").
L’Invasion Aryenne
L’Hindouisme est originaire du sous-continent indien et a plus de 4000 ans d’ancienneté.
Elle se réfère à des textes sacrés, les textes védiques qui comptent parmi les textes littéraires les plus anciens du monde (datation communément admise : 1500 Av. J.-C.).
Il y a peu ou pas de textes relatant l’Histoire de l’Inde et encore moins celle de l’Hindouisme. Les connaissances ont toujours été transmises oralement parmi les Brahmanes. D’autre part, l’Histoire n’avait pas grande valeur aux yeux de la culture Hindoue. C’est pourquoi il est très difficile de déchiffrer l’Histoire de l’Inde jusqu’à des temps plus récents.
La "Swastika" est un symbole Hindou très ancien, propice et noble ("Arya"). Il représente la vérité, la stabilité et l’harmonie. C’est un symbole répandu dans toute l’Asie centrale et porte la même signification positive. Il est dommage que Hitler ait récupéré ce signe comme son emblème. En considérant de plus près la théorie de l’invasion aryenne de Max Muller, on comprend mieux pourquoi Hitler s’est tourné vers ce symbole, et on comprend aussi pourquoi la théorie de Muller (ci-après expliquée) est très dangereuse.
Théorie de Muller
Une théorie a été élaborée par F Max Muller en 1848 sur les origines de l’identité indienne en pleine période de domination de l’Inde par le Raj Britannique. Muller émet l’hypothèse que vers 1500 BC, le peuple indigène de l’Inde a été envahi par un peuple indo-européen à la peau blanche appelée les Aryens, originaire d’Europe Centrale. Ces mêmes Aryens auraient amené avec eux les fondements de l’Hindouisme, notamment les textes védiques.
C’est cette théorie qui est apprise par les écoliers indiens encore de nos jours. Quoi de mieux pour humilier et dominer un peuple que de voler son génie et de l’attribuer à un peuple étranger originaire d’un lieu géographique si éloigné et qui de surcroît aurait conquis puis civilisé les peuples indigènes. On voit se profiler dangereusement l’idéologie d’un peuple à la peau blanche apportant la civilisation à un peuple à la peau foncée. Troublant, n’est-ce pas ? Par ailleurs, aucune preuve archéologique n’a confirmé la théorie de l’invasion Aryenne de Muller. A bien lire les textes védiques, on a du mal à y voir l’œuvre d’un peuple étranger conquérant…
Il existe bien une séparation des langues indo-européennes parlées principalement dans le Nord de l’Inde et des langues dravidiennes parlées principalement dans le Sud. La pluralité fait toujours partie d’une identité. Reste à explorer l’Histoire de cette identité.
Il est sage d’admettre que pour l’instant, rien n’est sûr, attendons que des travaux et études scientifiques non politisés nous fassent découvrir une vérité plus probable sur cette période historique très ancienne.
L’Hindouisme, de part son histoire très ancienne, a beaucoup évolué dans le temps. Si l’on explore les textes védiques, on voit clairement que beaucoup de Dieux et rites ont disparu, de même que de nouveaux Dieux, de nouvelles sectes et de nouvelles philosophies existent aujourd’hui. Il est donc inexact, actuellement, de limiter l’Hindouisme aux textes védiques. Il semblerait que l’Hindouisme soit réellement un amalgame de plusieurs croyances et de plusieurs Dieux d’origines géographiques différentes, y compris ceux des textes védiques. Mais l’unité existe à travers quelques grands concepts communs.
"Om" est un son sacré: c’est le son primordial lors de la création de l’Univers. C’est l’arc qui lance la flèche du soi (l’ "Atman") vers la cible de l’absolu (le "Brahman"). C’est le son qui préside beaucoup de "Mantras" (prières magiques).
(1) Tous les dieux et toute la Création font partie d’un être universel supérieur appelé "Brahman". "Brahman" est la réalité ultime, l’âme absolue et universelle, c’est le principe ultime sans début et sans fin, il est présent dans tout, il est la cause, la source, la matière de toute création de l’Univers. C’est l’esprit cosmique. Les Dieux ne sont que des manifestations de "Brahman".
(2) tous les Hindous croient au "Sanatana Dharma". Il s’agit d’un ensemble de règles, de codes et de principes moraux qui régissent la vie en Société
(3) la "réincarnation" ou "Samsara" est déterminée par le "Karma", le but étant pour tout individu d’atteindre le "Moksha" ou la fin du cycle des renaissances. Le Karma est la somme des actions bien ou mal qui influencera la prochaine réincarnation d’un individu. Selon ses mérites, l’individu renaîtra sous une forme de vie plus ou moins noble (du moins noble au plus noble : les plantes, les animaux, les hommes). Lorsqu’un individu atteint le Moksha, il s’harmonise avec Brahman, l’esprit cosmique. Toute action a du mérite lorsqu’elle respecte le Sanatana Dharma.
Le système des "Varna" ou la bouche, les bras, les jambes et les pieds de "Purusha" sacrifié
Le système des "Varna" (groupe social) est cité dans l’hymne "Purusha Sukta" du "Rig Veda" des textes védiques :
"Purusha", un des aspects de Brahman , est sacrifié. Son corps donne naissance aux quatre Varnas : de sa bouche, le Varna des Brahmanes (les prêtres ou "intellectuels"), de ses bras, le Varna des Kshatriyas (les guerriers, dont les rois), de ses jambes, le Varna des Vaishyas (les marchands et les fermiers), de ses pieds, le Varna des Shudras (les ouvriers). On voit bien dans ce système de Varnas, une structure sociétale fonctionnelle, d’autant plus que chaque individu est tenu de se conformer au "Kartavya" (déontologie ou devoirs) de son groupe fonctionnel respectif. Les "Jatis" (ou castes) sont des sous-ensembles horizontaux des Varnas, ce sont des groupes endogamiques (on se marrie à l’intérieur d’un Jati) et correspondent à des professions spécifiques.
On ne sait pas exactement quand ce système s’est concrétisé et il n’est pas mentionné dans les textes védiques. Le concept de Jati est postérieur a celui de "Varna". L’apparition des "Dalits" ou intouchables (les "hors-caste") ne peut pas être daté avec précision. Ils ne sont pas mentionnés dans les textes védiques.La naissance, aujourd’hui, dans tel ou tel Varna est déterminée lors de la réincarnation, par le Karma de l’individu, l’individu le plus méritant renaissant dans le Varna des Brahmanes. On pense que le déterminisme de la naissance sur l’appartenance d’un individu à un "Varna" s’est beaucoup rigidifié avec le temps.
La vie est divisé en quatre étapes : les quatre Ashramas :
- "Brahmacharya" : méditation et étude de Brahman sous la supervision d’un Guru. Le célibat est obligatoire.
- "Grihastha" : mariage, exercice de sa profession, fondement d’une famille.
- "Vanaprastha" : détachement graduel de la vie matérielle, rapprochement avec le divin, pèlerinages.
- "Sanyasa" : renonciation à la vie matérielle, quête de la vérité.
Aujourd’hui, de moins en moins d’Hindous pratiquent la totalité de ces quatre étapes. Beaucoup s’en tiennent à la deuxième.
Les Déités dans l’Hindouisme : Ishvara, Devas, Devis, Asuras, Rakshasas
La religion hindouiste est considérée par beaucoup comme une religion polythéiste ou hénothéiste. A bien y réfléchir, aucune de ses définitions n’est vraiment exacte. L’Univers est Brahman, ou "Ishvara", l’être cosmique. Il n’est pas un Dieu. Il est tout : il est la création, il est les lois qui régissent l’Univers, il est dans toute chose de l’Univers. Il est nous et tout le reste. L’Homme et les Dieux sont des manifestations de Brahman. Si l’on se tient à ce concept de "Brahman", l’Hindouisme n’est pas non plus un monothéisme. C’est une religion où la croyance fondamentale n’engage pas la Déité.Les "Asuras" et les "Rakshasas" sont les démons aux pouvoirs plus ou moins importants. Ils ne sont pas l’objet de culte et ils sont craints. Les malheurs du monde sont attribués à la faute des hommes qui obéissent mal au Dharma. Les démons ne sont pas accusés, ces derniers ayant des pouvoirs assez limités.
Les Dieux "Devas" et Déesses "Devis" sont nombreux. Ils sont très vénérés et ils sont tous bons. Parmi les Dieux et les Déesses, trois Dieux émergent : "Brahma" le Créateur (à ne pas confondre avec "Brahman" l’être cosmique), "Shiva" le Destructeur et "Vishnou" le Protecteur. On les appelle aussi les "Mahadevas" (les "grands" Dieux) ou "Trimurti" (trinité). Parmi les Déesses, on distingue "Saraswati", "Lakshmi", "Parvati", "Durga" et "Kali". Elles sont des Déesses mères et sont tout autant adorées que les Mahadevas. Chez les Shivaïtes, seul Shiva est considéré comme la manifestation la plus grande de Brahman, alors que chez les Vishnouites, c’est Vishnou.
Brahma et Saraswati
Brahma
Brahma est le créateur du monde actuel. Il a su fabriquer le réel en harmonisant les contraires. C’est un Dieu vénéré mais son culte est peu répandu, très peu de temples lui sont consacrés. Après avoir crée le monde, il intervient peu dans la vie des Dieux et encore moins dans la vie des hommes. Ceci explique sans doute cela.
Il a quatre têtes, une tête pour chaque point cardinal. Il possédait une cinquième au dessus des autres orientée vers le ciel. Toutes ces têtes lui sont poussées pour qu’il puisse mieux contempler la Déesse Saraswati.
"Saraswati", où qu’elle fut, car il en était éperdument amoureux. Mais la cinquième tête lui a été coupée par Shiva lors d’une dispute. Saraswati est devenue l’épouse ou "Shakti" (force) de Brahma par la suite.
Brahma a quatre bras. Dans chacune de ses mains, il tient les textes védiques sacrés, un rosaire pour mesurer le temps de l’Univers, un pot à bec pour créer l’Univers et une cuillère pour sacrifices.
La monture ("Vahana") de Brahma et Saraswati est le cygne ("Hamsa").
Saraswati
Saraswati est très adorée et a beaucoup de fidèles.Elle est la Déesse de la connaissance et des arts. Les étudiants, les artistes, les docteurs, les avocats et les scientifiques la vénèrent particulièrement. Elle est associée à la couleur blanche et son aspect même évoque la pureté et la sagesse.
Ses quatre mains tiennent les mêmes attributs que Brahma, excepté pour la cuillère à sacrifices qui est remplacée par la "Veena" un instrument de musique très ancien.
Là où Brahma est en retrait, Saraswati agit concrètement pour les hommes.
Vishnou et Lakshmi
Vishnou
Vishnou est le protecteur de la création.
Il a la peau noire. Cette peau est bleu foncée dans beaucoup de représentations, la raison étant que dans la culture hindoue, lorsque la peau est très foncée, on y voit des reflets bleus. Il est assis sur le serpent "Shesha". Il porte une couronne d’or.
Dans ses quatre mains, il tient une conque ("Shanka"), le souffle créatif, , un disque tournoyant autour de son index ("Chakra"), l’esprit, une masse d’or ("Gadha"), l’énergie brute primordiale, et une fleur de lotus, la Vérité. Sa monture est l’aigle "Garuda". Vishnou est connu pour ses nombreux "avatars" ("descentes" sur Terre). Les avatars les plus célèbres sont "Rama" de la légende du "Ramayana" et "Krishna" de la légende du "Mahabharata". Vishnou "descend" sur Terre pour rétablir l’ordre cosmique ou "Dharma". A chaque descente de Vishnou, son épouse "Lakshmi" le suit et ils s’aiment de nouveau ainsi.
Lakshmi ou "Shri" est l’épouse de Vishnou. Elle est une déesse mère ("Mata"). Elle incarne la prospérité, la lumière, la sagesse et la fortune.
Elle est belle et magnifiquement parée. De l’une de ses mains jaillissent des pièces d’or tandis que de l’autre elle bénit ses fidèles. Sa monture est le hibou.
Elle a beaucoup d’adorateurs. La fête très populaire de "Diwali", la fête des lumières, est l’occasion de demander sa bénédiction.
Shiva et Devi (Parvati, Sati, Kali)
Shiva
Shiva est le Dieu qui détruit le monde pour le créer de nouveau. Lorsqu’il crée l’Univers, il fait naître Vishnou qui fait naître Brahma, qui à son tour va créer l’Univers. Shiva est donc un Dieu éminemment positif.
Il est représenté avec un cobra autour du cou, symbole de la maîtrise de l’énergie sexuelle, porte un trident ("Trishula") symbole de la création, perpétuation et destruction. Il tient un petit instrument de percussion ("Damaru") qui marque le rythme sa danse lorsque celui-ci détruit le monde. Il est assis sur une peau de tigre signe que Shiva a conquis toutes les forces de la Nature.
Le Gange, fleuve sacré, s'écoule de sa chevelure; au sommet de celle-ci un croissant de lune rappelle que Shiva contrôle le temps. Sa monture est le taureau sacré "Nandi".
Il est couvert de cendres, lorsque, ascète il médite. Il a les yeux mis clos lorsque le monde existe : il les ferme pour le détruire et les rouvre pour le re-créer.
Le troisième œil vertical sur le front est celui de la sagesse et de la vision des choses au-delà des apparences.
Nandi, le taureau, véhicule de Shiva
Shiva est associé au "Lingam" (phallus), symbole de création.
Shiva Nataraja est un aspect particulier de Shiva lorsque ce dernier détruit le monde.
Tout en dansant, il écrase le nain, symbole de l’ignorance, sous son pied.
Kali Shiva et Parvati
L’épouse de Shiva est la Déesse-mère Devi qui peut prendre plusieurs noms : Parvati, Durga ou Kali.
Parvati est une Déesse plutôt pacifique et très amoureuse de son époux. "Ganesh", le Dieu ventru à tête d’éléphant, est le fils de Shiva et Parvati.
Durga est beaucoup plus énergique et Kali la Noire est terrifiante.
L’Hindouisme reste sujet à critiques : le système des castes, la "Sati" (la pratique de la veuve se jetant dans le bûcher funéraire de son mari), les mouvements extrémistes Hindous récents et le mépris dont sont victimes les Intouchables sont éminemment discutables.
Les aventures de Krishna,
amoureux, ont beaucoupnotamment dans le domaine inspiré les poètes |
Dans le présent article, nous n’avons pu qu’effleurer l’Hindouisme. Beaucoup reste à développer et à explorer. Une "lumière" se dégage néanmoins : l’Hindouisme n’est pas qu'une simple religion, elle structure la Société indienne, elle rythme la vie des Hindous, elle est une morale, une philosophie, des croyances et des rites. De part l’ancienneté même de l’Hindouisme, elle est éminemment complexe et riche. On peut tout de même lui reconnaître une certaine ouverture d’esprit et un message fort et sans dogmatisme : "la vérité est multiple, œuvrons pour la découvrir".
Bibliographie
- Les spiritualités indiennes, Odon Vallet, Gallimard 1999.
- L’Hindouisme, Que sais-je ?, Louis Renou, PUF 1951
- La Bhagavad Gîta, Anne-Marie Esnoul et Olivier Lacombe, Seuils 1976
- Sept Upanishads, Jean Varenne, Seuil 1981
Liens utiles
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